Les efforts du maroc
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Rien n´est simple quand on est face à l´infernal binôme développement-conservation.
On peut toujours prendre la posture du discours critique, c´est un peu mon métier. C´est facile d´invectiver quand on a pour seul souci la tranquille défense de l´arbre, du mouflon et du papillon. Les esprits du Vivant reconnaîtront leur avocat.
Mais désireuses d´une hausse du pouvoir d´achat comme ils disent, d´une meilleure qualité de vie comme on dit, et sans cesse stimulées par l´incitation au consumérisme par les maîtres du monde, les populations demandent majoritairement autre chose que la douceur d´un paradis terrestre, ce en quoi elles se trompent probablement.
Alors, quand on veut être élu, on sacrifie les trésors de la maison du Quaternaire sur l´autel-béton de la demande publique, et ça tombe bien puisque c´est aussi l´autel du profit. Construire sans détruire est un challenge hasardeux, pardonnez-leur ils ne savent pas ce qu´ils font.
Pour ce qui me concerne, j´ai déjà été le témoin accablé des limites vite franchies de l´éthique de conservation, rattrapée par la hantise d´aménagement, tant dans le Sud-est de la France qu´en Andalousie espagnole, deux régions défigurées, dénaturées. Les résultats sont affligeants et ont l´outrage d´un déshéritement pour les générations à venir. À tel point que l´ombre d´un promoteur suscite à tout humaniste l´éloge de la dénatalité.
Les désastreuses leçons du Nord n´ont pas le moindre écho au Sud. Le Sud est peu enclin à prendre la leçon et n´entend pas être le gentil jardinier de son sempiternel mentor. Réitérer l´erreur du « modèle » est historiquement correct. Le Maroc se réclame de démocratie, le Maroc est en route pour la modernité, le Maroc se prend au piège de l´effet miroir qui brille d´une rive à l´autre, le Maroc veut faire « Costa del Sol » et partager les pages du même catalogue qui fleure bon les devises.
Pourtant, il paraîtrait que dès demain, le souhait des touristes ne sera pas de se retrouver dans le même décor de béton et d´artifice que celui jusqu´à maintenant offert sur le rivage européen. Il serait peut-être bon de ne pas dresser un mur aussi luxueux qu´affreux tout au fil du littoral, depuis Saïdia jusqu´à Plage Blanche, et de se souvenir que le pays de la Méditerranée occidentale le plus riche en biodiversité pourrait préserver un peu de paysages naturels pour des lendemains plus enchanteurs. Attention : une fois massacrés, les écosystèmes ne se reconstruisent pas !
Entre surpâturage des forêts exténuées et aménagements touristiques des littoraux souillés, il y a des pauses vertueuses. Que les deux exemples qui suivent soient vénérés, ainsi que leurs acteurs ! Ces efforts certains en faveur de la pérennisation des espèces et des espaces réconfortent, on n´y croyait plus. De quoi ravir les écotouristes de demain qui risqueraient de venir au Maroc pour pouvoir découvrir et apprécier autre chose que l´uniformisation qu´ils ont chez eux !
Liberté, égalité, biodiversité !